2

 

Si Azilis était devenue folle, rien dans son attitude présente ne le laissait plus deviner. Elle avait dévoré son ragoût de lièvre. Rassasiée, elle se léchait les doigts avec application.

Kian observait son visage creusé mais calme, ses gestes décidés. Il s’inquiétait de ses cernes et de sa pâleur, sans oser le lui dire. Elle semblait prisonnière d’une armure de chagrin et de solitude qui la soustrayait à son entourage.

Il se remémora leur première rencontre, revit ce même visage durci par la peine que lui causait la maladie d’Olwen. Pendant leurs premières chevauchées, elle l’avait à peine regardé et elle l’avait tout juste gratifié d’un ou deux mots. Il l’avait trouvée si émouvante qu’il avait rêvé de l’apprivoiser comme on apprivoise un bel animal blessé qui a perdu confiance en l’homme. Patiemment, sans le brusquer, avec des gestes doux et des paroles réconfortantes. Il y était parvenu, davantage même qu’il avait osé l’espérer.

Elle lui avait livré ses secrets, ses rêves, ses chagrins, ses espoirs. Mais le temps de leur complicité semblait révolu. En apprenant la mort d’Aneurin, elle n’avait pas pleuré dans ses bras, comme après l’enterrement de son père. Elle avait ordonné qu’on la laissât seule. Puis elle s’était murée dans le silence, refusant de parler, de manger, de quitter son lit. « Comme notre père lorsque maman est morte », avait murmuré Ninian avec angoisse.

Depuis, Kian n’avait pas réussi à capter son attention. Et le geste fou qu’elle avait eu sur la tombe augmentait sa peur de l’avoir perdue.

Elle leva les yeux vers lui.

— Nous avons à décider certaines choses.

Il acquiesça. Pour la première fois depuis trois jours, Azilis le regardait vraiment.

— J’ai promis à Aneurin d’apporter Kaledvour à Ambrosius Aurelianus, reprit-elle. Je partirai le plus tôt possible. Veux-tu venir avec moi ?

Il ne répondit pas immédiatement, se contentant de scruter son visage.

Impatiente, elle répéta :

— Veux-tu venir avec moi, oui ou non ?

— Juste avant sa mort, j’ai juré à Aneurin que j’apporterais l’épée au Haut Roi des Bretons. Il m’a confié la garde de Kaledvour. Et ta protection. Nous irons ensemble en Bretagne.

— Très bien. C’est notre mission à tous les deux, maintenant. Pouvons-nous partir demain ?

— Si tu t’en sens capable.

— Je pense que oui.

Une idée la traversa.

— Le secret de l’épée ? Il te l’a confié ?

— Il a essayé. Il n’a pas pu. Il aurait dû le partager plus tôt.

— Il n’y en aura pas d’autres, alors. C’était pourtant son but. Fabriquer d’autres Kaledvour pour armer les hommes du Haut Roi. Aneurin est mort avec son secret et l’épée restera unique.

Kian vit la tristesse qui succédait à son air déterminé. Elle murmura :

— Je n’avais pas imaginé continuer la route sans lui. Sa route. Échouer si près du but ! Et en grande partie par ma faute !

Kian mourait d’envie de la consoler. Mais comment ? La prendre dans ses bras ? Il n’osait plus la toucher depuis l’épisode de Condate. Les traits de la jeune fille se durcirent à nouveau. Elle lança d’un ton de défi :

— Et ne crois pas que j’aie perdu l’esprit ! Toi ou Ninian ne pouvez pas comprendre mais Rhiannon…

— … te comprendrait parce qu’elle aussi sait parler aux morts. Pourquoi crois-tu que l’Ancienne me faisait tellement peur ? Je ne connais rien à la magie mais ça ne m’empêche pas d’y croire. Je sais qu’elle t’a beaucoup enseigné. Je m’en suis rendu compte quand tu m’as soigné. Dans ces moments-là, il y a un pouvoir qui émane de toi, une énergie. Regarde !

Il releva la manche de sa tunique et découvrit la plaie qu’Azilis avait suturée quelques jours plus tôt. Elle était presque cicatrisée.

— Frère Pandarus pensait que c’était un chirurgien qui m’avait soigné et il ne voulait pas croire que la blessure était si récente. Tu as un vrai don de guérisseuse. Alors je te crois quand tu dis avoir parlé à Aneurin après sa mort. Mais ça me fait peur. Et quand tu dis que tu es morte…

Sa voix se cassa :

— … ça me fait plus peur encore.

Elle resta un instant silencieuse, passa le doigt sur la cicatrice. Elle répliqua sans le regarder :

— Azilis est morte avec Aneurin, c’est vrai. Mais ce n’était qu’une partie de mon être. Il reste Niniane. J’espère que tu l’aimeras aussi.

Il ne la comprenait pas vraiment. Elle n’était pas folle, non. Mais c’était peut-être pire.

— Comment va notre fille, ce matin ?

L’abbé Mewen, suivi de Ninian, entra dans la cabane en pliant sa haute silhouette. Comme les autres moines de la petite communauté, il était vêtu d’une simple bure. Ses origines patriciennes transparaissaient pourtant dans ses gestes, dans son port, dans sa voix posée aux intonations nobles. Ses yeux d’un bleu sombre attachaient sur chacun un regard perçant qui semblait sonder l’âme, et son front intelligent paraissait plus grand encore en raison de son crâne rasé d’une oreille à l’autre. Il s’approcha d’Azilis en souriant et elle se leva pour le saluer, les yeux modestement baissés.

— Je vais beaucoup mieux, mon père. Nous pensons même quitter le monastère dès demain.

— Rien ne presse, mon enfant. Rien ne presse. Restez ici tous les deux aussi longtemps que nécessaire.

— Merci, mon père. Mais, si ma santé le permet, nous partirons demain.

Il hocha la tête, toujours souriant, détailla le visage de la jeune fille en silence, puis celui de Kian. Enfin il demanda :

— Et puis-je savoir où vous avez tant hâte de vous rendre ?

— En Bretagne. Nous rejoignons mon frère Caius qui se bat aux côtés d’Ambrosius Aurelianus.

— Étrange projet pour une jeune fille que de se rendre dans un pays soumis aux assauts des barbares. Un projet fort dangereux aussi.

— Je sais ce que je risque.

— Sait-on vraiment ce que l’on risque avant de l’avoir subi ? interrogea l’abbé d’un air pensif. Je ne doute pas de ton courage, ma fille, ni de ta détermination, mais j’avoue ne pas comprendre tes raisons.

Azilis ne répondit rien. Elle se contenta de fixer un point, au-delà des deux moines, fermée et énigmatique.

— Eh bien, ma fille ? Que vas-tu faire en Bretagne ? Kian y satisfera son tempérament guerrier, et toi ? Qu’espères-tu trouver au sein du chaos ?

Le ton de l’abbé s’était durci imperceptiblement. Sa bienveillance dissimulait une autorité forte et sans doute peu disputée. Azilis plongea son regard dans les yeux bleus qui la dévisageaient et sourit.

— J’espère apporter mon aide à ceux qui combattent la barbarie. Comme toi, mon père, tu espérais, en venant ici, apporter la parole de notre Seigneur Jésus-Christ en ces lieux encore obscurcis par les croyances païennes[50]. Dieu fasse que j’accomplisse ma mission aussi bien que tu accomplis la tienne.

L’abbé fronça les sourcils, percevant l’insolence sous la flatterie.

— Quelle aide une jeune fille peut-elle offrir à des guerriers ?

— J’ai appris l’art de soigner.

— D’autres que toi font cela, qui se trouvent déjà en Bretagne. Tu es femme et de surcroît mineure, sous la tutelle de ton frère aîné. Si celui-ci a lancé des hommes à vos trousses, c’est qu’il désapprouvait ton départ. Tu dois te soumettre à sa volonté.

Azilis serra les dents.

— Il faudrait que je rentre à la villa et que je demande pardon à Marcus pour les soucis que je lui ai causés ?

— Ce serait plus raisonnable que d’embarquer pour la Bretagne.

— Embarquer m’inquiète moins que de me trouver sous le joug de mon frère.

Elle se tourna vers Kian pour couper court.

— Penses-tu qu’il soit trop tard pour partir dès ce soir ?

— La nuit tombera dans trois heures. Nous avons le temps, répondit-il.

— Ne fais pas cela ! s’exclama l’abbé. C’est de la folie ! Si rentrer chez ton frère aîné t’est à ce point intolérable, je suis prêt à t’accueillir dans cette communauté, à condition que tu en acceptes les règles[51]. Puisque tu connais l’art de soigner, pourquoi ne pas te mettre au service de ceux qui souffrent ici, dans nos villages ?

Azilis ne répondit rien. Déjà elle ramassait son sac tandis que Kian saisissait Kaledvour.

— Azilis, supplia Ninian, sois raisonnable ! Tu cours à ta perte ! L’abbé a raison !

— Nous vous laissons les chevaux de nos ennemis, rétorqua-t-elle sans accorder un regard à son jumeau. Le prix que vous en tirerez dédommagera votre communauté des efforts qu’elle a fournis en nous soignant et en nous hébergeant.

— Azilis…

— … est morte, comme je te l’ai déjà dit, Ninian. Elle soutint sans ciller le regard éperdu de son frère et il y vit une dureté qu’il ne lui connaissait pas.

— Inutile, frère Ninian, intervint l’abbé. Retirons-nous, et prions pour que Dieu guide leurs pas et dissipe la folie qui égare cette âme.

 

* * *

 

Kian et Azilis eurent vite achevé les préparatifs. Restaient les bagages d’Aneurin.

— Où est sa harpe ? demanda la jeune fille.

— J’ai pensé… Ton frère était d’accord… On l’a enterrée avec lui.

Elle acquiesça, lèvres serrées.

— Mais vous ne lui avez pas laissé ses bracelets, constata-t-elle d’une voix sourde.

— Frère Pandarus les avait enlevés pour le soigner. Je n’ai pas pensé à les lui remettre.

Elle fit tourner entre ses doigts les lourds bijoux de cuivre qu’elle avait vus chatoyer aux bras d’Aneurin, à la lueur du feu ou d’un rayon de soleil. Des larmes lui brouillèrent la vue. Elle cligna des paupières pour les empêcher de couler.

— Choisis-en un, Kian, en souvenir de lui. Je crois que vous étiez devenus amis, Aneurin et toi. J’en garderai un aussi et je donnerai le troisième à Caius quand nous le retrouverons.

« Si nous le retrouvons », pensa-t-elle. Il y avait tant de morts autour d’elle que la possibilité de retrouver son frère aîné vivant lui paraissait de plus en plus ténue.

Kian n’hésita pas. Il se saisit du bracelet le plus large, celui qu’Aneurin portait au-dessus du coude droit et le glissa au même endroit. C’était un ornement guerrier autant qu’un objet d’une grande beauté. Azilis effleura le métal doré :

— « Talismans pour les batailles, réminiscences de moments heureux… » Caius disait cela de ses propres bracelets dans une lettre.

— C’est ce que celui-ci sera pour moi.

— Te voilà l’héritier d’Aneurin, et le porteur de son épée jusqu’à ce qu’elle se trouve entre les mains du Haut Roi.

— C’est un grand honneur.

— Hâtons-nous maintenant. Je ne veux pas rester plus longtemps.

Elle craignait de n’avoir plus le courage de partir s’ils s’attardaient. Elle était si fatiguée ! Mais Ninian et l’abbé reviendraient à la charge, et il n’était plus question de discuter avec eux. Elle passa à son poignet le plus fin des bracelets, rangea le troisième dans ses affaires et sortit préparer Luna. Un peu plus tard, ils descendaient le sentier tortueux qui menait à la voie romaine. Une voix cria derrière eux :

— Azilis ! Attends ! Niniane !

Elle se retourna. Son frère courait à leur poursuite, soulevant le bas de sa robe de bure pour avancer plus vite. Elle l’attendit, refusant d’avance de se laisser raisonner ou attendrir. Essoufflé, il lui tendit deux rouleaux de papyrus.

— J’ai fait ce que tu m’as demandé. J’ai écrit à Marcus pour lui dire qu’Aneurin et toi étiez… étiez morts. Je l’ai fait parce que je t’aime et parce que j’ai peur qu’il te poursuive s’il te sait en vie. Je crois que Dieu me pardonnera ce mensonge.

Elle voulut remercier son frère mais déjà il continuait :

— Tu remettras la lettre pour Marcus à un marchand du nom de Sextus Cogles qui habite Abrinca, non loin du forum. C’est un homme pieux et généreux qui a fait retraite dans notre monastère plusieurs fois. Il enverra la lettre à notre frère. Donne-lui aussi le deuxième rouleau, qui n’est pas scellé. C’est un message qui lui explique qui tu es et lui demande de vous aider à rejoindre la Bretagne à bord de l’un de ses bateaux. Il est parmi les rares marchands qui affrètent encore des embarcations pour cette destination. Je crois qu’il m’aime bien. Il devrait accepter de vous aider.

Azilis glissa à terre. Elle saisit les mains de son jumeau et ils se regardèrent un long moment sans parler, conscients qu’ils se voyaient sans doute pour la dernière fois. Soudain elle le supplia :

— Viens avec nous, Ninian ! Suis-nous, abandonne cette vie de prières ! Tu es jeune, tu ne peux pas t’enterrer dans ce désert sans avoir connu l’amour d’une femme !

Ninian se dégagea doucement.

— Je pourrais te répondre que tu es aussi jeune que moi et que tu risques ta vie par folie, mais cela ne changerait rien à tes projets, n’est-ce pas ? C’est pareil pour moi. Tu n’as jamais compris ma foi ni mon désir de servir Dieu. Tu admires Caius parce qu’il se bat contre les barbares, mais quand je prie notre Seigneur Jésus-Christ, moi aussi je me bats contre la barbarie. Sans violence, sans tuerie. Va maintenant, ma Niniane, ou la nuit vous surprendra avant Abrinca.

Il prit sa sœur dans ses bras et la serra contre lui un long moment.

— Dieu te protège. Je prierai pour toi chaque jour.

Cette fois, elle ne lutta pas pour retenir ses larmes.

— Je prierai pour toi, moi aussi. Et quand nous serons en Bretagne, si jamais nous y arrivons, je ferai tout mon possible pour t’écrire.

Ninian leva les yeux vers Kian et lui dit avec chaleur :

— Merci d’avoir veillé sur ma sœur. Dieu te protège sur cette route périlleuse.

Puis le jeune moine regagna le monastère, sans se retourner une seule fois.

L'épée de la liberté
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